Le règlement ESPR étend les exigences d’éco-conception à l’ensemble des produits tech dès 2026
En avril 2024, le Parlement européen a adopté le règlement ESPR (Ecodesign for Sustainable Products Regulation), une avancée majeure qui remplace la directive antérieure centrée uniquement sur l’efficacité énergétique. Désormais, les critères d’éco-conception englobent la durabilité, la réparabilité, la circularité et la transparence sur une large gamme de produits, y compris les technologies comme les smartphones, ordinateurs et tablettes. Cette évolution marque une uniformisation réglementaire forte à l’échelle européenne.
L’ESPR exige des entreprises qu’elles intègrent dès la conception des critères couvrant l’ensemble du cycle de vie des produits : conception, usage, maintenance, recyclage et fin de vie. Cette obligation deviendra progressivement applicable à partir de 2026. Elle vise à harmoniser les règles, qu’il s’agisse de produits fabriqués localement ou importés dans l’Union, renforçant ainsi la cohérence du marché européen et limitant les disparités nationales.
Une mise en œuvre progressive par cycles ciblés
La mise en place de l’ESPR suivra des phases ciblant des catégories de produits par cycles d’au moins trois ans. Parmi les secteurs prioritaires, les technologies de l’information et de la communication devront notamment être conformes dès 2028, ce qui crée une pression forte sur les fabricants pour anticiper cette transition réglementaire.
Impact sur le secteur technologique
Cette réglementation imposera aux acteurs tech de revoir leur approche produit pour allier performance et responsabilité environnementale, en intégrant de nouveaux standards qui dépassent largement ceux de l’ancienne directive centrée sur la consommation énergétique.
La disponibilité et réparabilité des pièces détachées deviennent des critères clés pour les produits tech
L’ESPR met la réparabilité au cœur de l’évaluation des produits technologiques en imposant la disponibilité des pièces détachées essentielles pendant plusieurs années à un prix raisonnable. Cette condition s’accompagne d’une exigence de démontage aisé, visant à faciliter les opérations de réparation, ce qui place désormais la réparabilité au même niveau que le prix et la performance technique.
Obligations spécifiques pour smartphones et tablettes
Pour ces appareils, des règles précises stipulent une disponibilité minimale de 5 ans pour les composants clés et imposent une maintenance logicielle garantissant 5 ans de mises à jour de sécurité et 3 ans de mises à jour évolutives. Ces obligations incluent également la nécessité de tester les impacts de chaque mise à jour sur la performance, afin d’éviter une dégradation prématurée des fonctionnalités.
Lutte contre l’obsolescence programmée
Ce cadre réglementaire vise explicitement à combattre l’obsolescence programmée en prolongeant la durée de vie réelle des produits, ce qui contribue à réduire considérablement la génération de déchets électroniques.
Transparence renforcée grâce aux indices européens
Les consommateurs bénéficieront d’informations claires via des indices harmonisés, comme l’indice de réparabilité, de résistance aux chutes, et des scores d’endurance des batteries. Ces indicateurs encouragent des choix d’achat plus responsables et durables.
Le Passeport Produit Numérique (DPP) devient un levier fondamental de traçabilité et transparence
L’introduction du Digital Product Passport (DPP) constitue une innovation majeure de l’ESPR. Ce passeport numérique accompagne chaque produit tech en fournissant des informations détaillées sur sa composition, réparabilité, recyclabilité, traçabilité et empreinte carbone. Il facilite ainsi la gestion complète du cycle de vie et assure la conformité aux normes européennes.
Adaptation des systèmes d’information et collaboration
La mise en place du DPP impose aux entreprises une évolution de leurs systèmes d’information pour collecter, analyser et partager des données fiables sur leurs produits. Ce dispositif encourage une collaboration renforcée entre les équipes design, R&D, achats et conformité, essentielle à la réussite de la démarche éco-conception.
Accroissement de la transparence pour le consommateur
Grâce au DPP, le consommateur dispose désormais d’outils concrets pour effectuer des choix d’achat éclairés, favorisant la réutilisation, le recyclage et le reconditionnement des produits technologiques, et réduisant ainsi le gaspillage.
Un moteur puissant pour l’innovation
Au-delà de la conformité, le DPP stimule l’innovation en incitant dès la conception à intégrer des critères de durabilité tout en offrant une traçabilité fine des matériaux et substances utilisés, participant à la réduction de l’empreinte environnementale.
Les nouvelles régulations favorisent l’adoption de modèles économiques circulaires dans le secteur tech
L’ESPR encourage les entreprises à repenser leurs modèles économiques en intégrant la seconde main, le reconditionnement, la location et l’abonnement. Ces pratiques favorisent une économie circulaire plus résiliente qui limite la mise au rebut prématurée des appareils.
Réduction de l’impact environnemental et valorisation des ressources
Le secteur électronique étant fortement consommateur de métaux critiques et générant une quantité importante de déchets, ces nouveaux modèles permettent de valoriser au maximum les ressources utilisées tout en diminuant l’empreinte carbone globale.
Durabilité accrue grâce à la conception et au suivi par DPP
La conception facilitant la réparation associée au suivi via le Passeport Produit Numérique crée un cercle vertueux qui répond aussi à la demande croissante des consommateurs pour plus de transparence et de responsabilité.
Soutien et formation pour les PME
Consciente des défis pour les petites et moyennes entreprises, la réglementation prévoit des dispositifs d’accompagnement spécifiques : formation, soutien technique et aides financières, afin d’assurer une montée en compétences adaptée aux exigences de l’éco-conception.

L’ESPR stimule l’innovation technologique et la compétitivité dans l’éco-conception des produits tech
Le règlement met en place des critères stricts concernant la réduction des substances nocives, l’utilisation accrue de matériaux recyclés et la limitation des ressources critiques. Ces exigences techniques imposent un fort besoin d’innovation dans la recherche et le développement au sein du secteur.
La conception des composants électroniques doit s’adapter pour améliorer la durabilité, faciliter le démontage et respecter les nouvelles normes, tout en maintenant voire en améliorant les performances environnementales à chaque phase du cycle de vie.
Plus qu’une contrainte, l’ESPR offre une opportunité stratégique pour se différencier sur un marché européen où les consommateurs deviennent très sensibles aux impacts environnementaux. Les entreprises les plus innovantes en éco-conception pourront ainsi bénéficier d’un avantage compétitif.
Cette mutation nécessite une collaboration étroite entre les départements design, R&D, achats, production, marketing et conformité, afin d’intégrer dès la phase de conception les critères d’éco-conception, durabilité et circularité, redéfinissant profondément les processus d’ingénierie produit.
Sources
- circulab.academy - https://circulab.academy/dispositif/espr
- eco-conception.fr - https://www.eco-conception.fr/blog/h/l-entree-en-vigueur-du-reglement-europeen-sur-l-eco-conception-des-produits-durables-espr-un-enjeu-crucial-d-eco-conception.html
- halteobsolescence.org - https://www.halteobsolescence.org/eco-conception-smartphones-et-tablettes-l-europe-peut-mieux-faire