Les PME françaises, cibles privilégiées face à l’augmentation des attaques par ransomwares en 2024
En 2024, 40 % des attaques par rançongiciels visent spécifiquement les TPE/PME françaises, illustrant leur vulnérabilité face à la recrudescence des cybermenaces. L’ANSSI a relevé une augmentation globale de 15 % des cyberattaques par rapport à 2023, démontrant une dynamique inquiétante pour ces structures essentielles à l’économie locale.
Une étude Sophos 2024 souligne que 74 % des entreprises françaises, en majorité des PME, ont subi des ransomwares, contre 64 % l’année précédente, signalant une montée rapide et ciblée de ces attaques.
Les PME représentent 99,8 % du tissu économique français avec plus de 3,2 millions d’entreprises, néanmoins elles se retrouvent souvent limitées par des moyens insuffisants en cybersécurité, ce qui accroît leur exposition.
La moitié des PME touchées par une attaque est à haut risque de défaillance dans les six mois qui suivent, soulignant l’impact économique grave des ransomwares sur la pérennité de ces organisations.
Ce contexte est complété par des menaces variées telles que le phishing, les violations de données et les attaques internes, qui aggravent la situation déjà critique de ces entreprises.
Facteurs de vulnérabilité majeurs des PME face aux ransomwares
Contraintes budgétaires et manque de ressources spécialisées
Les budgets souvent restreints des PME et l’absence de personnel dédié à la cybersécurité (72 % n’ont aucune équipe spécialisée) freinent leur capacité à prévenir, détecter et répondre efficacement aux attaques sophistiquées ciblant leurs infrastructures.
Insuffisance de sensibilisation et formation
Le facteur humain reste le principal talon d’Achille. Le manque de formation continue des dirigeants et collaborateurs rend les PME vulnérables, notamment face au phishing, vecteur privilégié d’intrusion.
Outillage technologique basique
Nombre de PME s’appuient exclusivement sur des antivirus et pare-feu classiques, insuffisants pour contrer les ransomwares capables de chiffrer les données en temps réel et de contourner ces défenses traditionnelles.
Obsolescence des équipements
Une cause aggravante majeure est l’utilisation d’équipements informatiques vieillissants : 34 % des attaques ciblent des PC de plus de cinq ans, qui manquent souvent des mises à jour essentielles corrigeant les vulnérabilités exploitées.
Failles techniques périphériques
Des erreurs de configuration sur des équipements comme routeurs et pare-feu offrent aux attaquants des accès discrets et persistants aux réseaux, échappant souvent à la détection des PME.
Stratégies technologiques efficaces pour la défense contre les ransomwares
Sauvegardes régulières et isolées
La clé pour limiter l’impact des ransomwares réside dans des sauvegardes fréquentes, isolées et inviolées, permettant une restauration rapide des données sans recours au paiement des rançons.
Pare-feux nouvelle génération (NGFW)
L’emploi de pare-feux nouvelle génération intégrant des bases de données mises à jour garantit un filtrage avancé du trafic réseau, réduisant considérablement la surface d’attaque accessible aux cybercriminels.
Contrôle d'accès et authentification multifactorielle
Mettre en œuvre des politiques strictes de contrôle d’accès associées à une authentification multifactorielle limite fortement les risques d’exploitation d’identifiants compromis.
Audits réguliers et maintenance
Des audits techniques périodiques, couplés à une correction rapide des vulnérabilités et à des mises à jour système systématiques, sont indispensables pour verrouiller les vecteurs d’intrusions potentielles.
Externalisation et services managés
Faire appel à des centres de supervision spécialisés, tels que les NextGenSOC, permet aux PME de pallier leurs limites internes en s’appuyant sur des expertises avancées, augmentant ainsi leur résilience face aux attaques

Rôle capital de la sensibilisation, formation et préparation des collaborateurs
Le facteur humain demeure le maillon faible dans la majorité des attaques, principalement via le phishing qui exploite l’ignorance et les mauvaises pratiques.
La formation continue et approfondie des salariés améliore leur aptitude à reconnaître les menaces, signaler les incidents et appliquer des comportements sécurisés.
Il est crucial d’établir des campagnes de sensibilisation adaptées à l’environnement de travail des PME, intégrant des exercices pratiques comme des simulations de phishing ou des sessions Cyber Range.
Par ailleurs, la création puis tests réguliers des plans de continuité d’activité (PCA) et des plans de réponse aux incidents (PRI) renforcent la capacité à réagir rapidement et efficacement en cas d’attaque.
- Instaurer une politique stricte concernant l’usage d’internet et des courriels en entreprise
- Vérifier systématiquement la provenance des messages avant toute ouverture
- Limiter les droits d’accès des utilisateurs selon leurs fonctions
- Promouvoir une culture de vigilance collective et de signalement
Ces bonnes pratiques réduisent sensiblement les vecteurs d’intrusions et limitent le risque associé à l’erreur humaine.
Soutien public et assurance cyber : leviers incontournables pour sécuriser les PME françaises
Programmes publics et aides régionales
Le programme Cyber PME, ainsi que diverses aides régionales comme les “Chèques cyber” en Île-de-France, apportent un soutien adapté aux PME pour financer et renforcer leur cybersécurité.
Actions de l’ANSSI
L’ANSSI diffuse régulièrement des guides pratiques, des alertes, ainsi que des formations gratuites via son centre CFSSI, facilitant la montée en compétence des PME selon leurs moyens et besoins.
Évolutions réglementaires
La Directive NIS2 (2024) et la Loi de programmation militaire 2024-2030 renforcent les exigences de sécurité, notamment pour les PME dans les secteurs critiques, imposant un cadre plus strict pour limiter les risques.
Assurance cyber
Peu répandue encore, la couverture cyber constitue un filet de protection financière essentiel. Par exemple, l’offre Groupama Cyber Up propose assistance 24h/24, indemnisation, restauration des systèmes et accompagnement juridique, atténuant significativement l’impact d’une attaque.
Mutualisation et coopération sectorielle
La mise en commun des ressources et le partage d’expériences entre PME renforcent leur capacité collective à faire face aux menaces, en facilitant l’accès à des solutions communes et un meilleur positionnement défensif.

Sources
- SFR Business - Impacts économiques et stratégiques des cyberattaques dans les PME et TPE, https://www.sfrbusiness.fr/room/cybersecurite-en-entreprise/impacts-economiques-strategiques-dans-les-pme-et-tpe (1)
- Groupama - Menace des cyberattaques en entreprise : analyse et conseils, https://www.groupama.fr/assurance-professionnels/conseils/menace-cyberattaques-entreprise (2)
- Fortinet - Cyberattaques ciblant les PME : définition et moyens de protection, https://www.fortinet.com/fr/resources/cyberglossary/smb-cyberattacks (3)